Concours de "mini-miss" : l'anthropologue est totalement contre, mais pas Najat Vallaud-Belkacem

 

 

 

 

...et c'est logique de la part du système, dont elle est une voix :

 

 

 

 

  

Chantal Jouanno, sénatrice UDI, fait voter (dans la loi sur l'égalité homme-femme) un amendement interdisant d'organiser des concours de beauté pour les moins de 16 ans – sous peine de deux ans de prison et 30 000 euros d'amende. Aussitôt la ministre Najat Vallaud-Belkacem, qui parle au nom des droits de la femme, crie au « disproportionné » et annonce que l'amendement sera retoqué par le Conseil constitutionnel [1] ; interrogée sur ce qu'elle pense de ces concours de « mini-miss », elle concède tout au plus qu'il faudrait « prendre des précautions ». Elle esquive ainsi le vrai problème, analysé par l'anthropologue Catherine Monnot dans Libération d'aujourd'hui. Extraits:

<< Ces concours de beauté peuvent sembler anecdotiques, mais est-ce acceptable que des enfants de 5 à 13 ans soient mises en compétition sur leur beauté au moment où elles sont en pleine construction ? ...Ces concours sont très suivis par d'autres enfants du même âge. Ils ont donc un impact sur toute une classe d'âge... >>

<< Dans les catalogues, il y a désormais des pages de mode pour la tranche d'âge 8-12 ans, avec de la lingerie pré-ado, des accessoires, etc... Dès le CE2-CM1, la plupart d'entre elles commencent à changer de style vestimentaire... Ce comportement est un peu atténué dans les familles aisées, où les mères qui ont fait des études sont sensibilisées à la question et s'efforcent de proposer d'autres modèles de féminité, mais le phénomène est là...  Au fond, aujourd'hui, les filles pré-pubères sont à la fois la cible du commerce et mises en scène pour qu'elles consomment.  Il y a marchandisation de leur corps de façon insidieuse et légale. >>

<< Pour les filles, les chanteuses sont le modèle à imiter. Or ces icônes sont super-érotisées ; Madonna a ouvert la voie, puis il y a eu Britney Spears, etc. Voilà maintenant Miley Cyrus, une ex-Disney girl : dans son dernier clip, on n'est plus dans le string qui sort du pantalon mais dans la nudité totale... une nudité mise en scène pour des petites filles mais réalisée par des hommes... >>

<< Les parents et la collectivité dans son ensemble devraient s'efforcer de proposer d'autres modèles aux petites filles... >>

 

Deux réflexions :

1. L'anthropologue met le doigt sur la clé de ce problème et de beaucoup d'autres. La mentalité exhibitionniste (aux limites du porno soft) est un effet de l'érotomanie invasive de masse, qui est l'un des ressorts de l'univers spectaculaire-marchand : système économique global qui a envahi tous les domaines de l'existence. Ne nous plaignons pas des conséquences si nous ne regardons pas leurs causes !

2. Quand Catherine Monnot dit (à juste titre) que «les parents et la collectivité dans son ensemble » devraient « proposer d'autres modèles » pour résister à l'invasion de l'érotomanie de masse, elle s'attire la fureur des gardiens de l'orthodoxie libérale. Pour celle-ci, « la collectivité dans son ensemble » est une chose inexistante [2], et toute résistance à l'invasion sociétale du marketing de masse serait un crime contre la consommation tous azimuts : donc contre « la croissance ».  

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[1] Elle semble le savoir d'avance : ce qui en dit long mais n'est pas une surprise, Najat et les pseudo-"sages" faisant partie du même système.

[2] "L'adversaire c'est l'Etat" (les blogs libéraux français). "Je ne connais rien qui s'appellerait 'la société' » (Margaret Thatcher).